Bains publics [-3 ans!]

Ayano arriva enfin à Kiri, essoufflée. Elle souffla quelques instants, les mains posés sur les genoux. En un dernier soupir, la jeune fille se redressa avec hâte, ses yeux se détournant du sol pour fixer le village. Le temps lui donnait clairement envie de dormir, malgré l'habitude qu'elle possédait, ayant vécu au pays de la Brume toute son enfance. Elle commençait à somnoler debout, plongée dans ses pensées, avant de se ressaisir en un sursaut. Elle se dirigea lentement vers le village, des souvenirs resurgissant à l'intérieur de son esprit. Quelques visions de son père, de ses frères et de sa soeur... De sa mère également. Sa poitrine se serra, rien qu'en y repensant. Puis la jeune Asako, jusqu'à l'examen... Excédée, elle se prit la tête entre les mains, en chassant toutes ces mauvaises pensées de sa tête. Quand elle y pensait, elle avait un peu (beaucoup) peur de la réaction de son père; et puis si elle devait se battre contre lui, elle n'aurait ni l'envie ni l'énergie pour. Qu'est-ce qui pourrait tout lui rendre en un instant? Ron... L'autre fois, il avait effectué comme un sorte de genjutsu sur elle... Il allait devoir payer. En un petit éclat sadique à l'intérieur de son regard, la jeune fille se frappa les deux mains; quelle bonne idée venait-elle d'avoir! Alors en chantonnant, et avec un sourire qui présageait tout de ce qu'il y a de plus mauvais, elle se dirigea direction... Les bains publics! Cependant, la raison pour laquelle on avait toujours craint l'Akane... LES Akane, resurgissait, comme un très mauvais souvenir. Oui, qu'importe l'endroit, ils prenaient toujours un terrain pour un lieu d'entraînement. Aussitôt fut-elle arrivé, enveloppée d'une simple serviette, que les jeunes filles ici présentes eurent un très mauvais pressentiment. Ayano se dirigea vers la barrière de bois qui les séparait de la partie des garçons. En un petit rire diabolique, elle aperçut son coéquipier à travers une brèche, qui n'était autre qu'un petit trou à travers la mince barrière. A peine eut-elle proféré une seule insulte après l'Uchiwa, que la barrière céda grâce à un de ses fameux coups de poing. Ron jeta un regard gêné à la jeune fille qui venait d'apparaître, avant de la reconnaître... Il eut tellement peur qu'il resta immobile, incrédule. Tout ce dont on a témoigné après, c'est une explosion, des cris, et un type en serviette qui s'était fait poursuivre par une psychopathe avec une écharpe rouge et une serviette de bain.

Tout est bien qui finit bien.

Après divers incidents que le narrateur ne citera pas parce qu'il a la flemme, nos deux jeunes héros allèrent s'asseoir sur un rocher, au terrain d'entraînement, après avoir été mangé quelques nouilles. Oui, dans cette histoire; tous les gens ne se nourrissent qu'à de la pâte. Sur ces pensées, la jeune Akane poussa un soupir en gigotant sur la pierre, qui était pour le moins inconfortable. Elle bailla, un peu remuée par tout le remue-ménage de ce matin. Ron, lui, était clairement "hors-jeu". Ses jambes semblaient le tirer vers le sol, tellement il avait couru. En remarquant son humeur maussade, sa compagne lui donna un petit coup à l'épaule, pour le remettre d'aplomb et lui redonner le sourire. Cependant, il ne fit qu'un petit gémissement douloureux avant de grimacer un sorte de sourire censé être joyeux. La jeune fille éclata de rire à la vue de son expression, qui lui enlevait son air sérieux habituel dont il avait le secret. Elle souffla un moment, en se calmant, puis se leva du rocher, en s'étirant. Étonnée, elle aperçut un filet de soleil percer parmi les nuages et la Brume. Cela lui redonna tout de suite sa joie-de-vivre habituelle. Ayano se retourna vers son partenaire, se craquant les mains, menaçante. Celui-ci soupira avant de s'échouer sur l'herbe pour montrer son désarroi. Son amie eut un sorte de rire déçu. Oui, c'est possible. Elle se rapprocha du jeune homme, qui restait toujours à terre, même s'il tournait la tête pour l'observer, perplexe. Il eut un sourire comparable à celui d'un petit chaton amusé quand il sentit les doigts de l'Echarpe Rouge s'aventurer dans ses cheveux. On aurait dit un maître et son chien. Cependant une grimace réprobatrice s’imprima sur son visage quand il remarqua les quinzaines d'aiguilles aux bouts terriblement pointus qui l'entouraient.

« Un entraînement de force...? bredouilla l'Uchiwa en esquissant un sourire nerveux
- Un entraînement de force! affirma la jeune fille en un grand sourire apathique
- On dirait un peu une psychopathe quand tu souris comme... commença Ron avant d'être interrompu
- Et bah... Y'a bien une raison! répondit Ayano Akane, un peu vexée, faisant bouger ses aiguilles de cristal, de façon assez curieuse »

Ron les fixa du regard, stupéfié. Les aiguilles semblaient agir comme un même être, et réagissaient selon les humeurs et réaction de leur jeune détentrice. C'était assez curieux, effectivement. Il sourit timidement devant la scène, admirant secrètement ce don. Pouvoir faire partager ses sentiments sans avoir à ouvrir la bouche ou à brandir les poings... Exceptionnel. Surtout quand on s'appelait Uchiwa et que son clan avait la réputation d'avoir des membres... si ce n'est psychologiquement pas stable, plutôt froid. C'était tout le contraire d'Ayano, qui était douce et sympathique. Quand il s'agissait de niveau de folie, c'était lui le chef... Enfin, ça c'est ce qu'il croyait avant, avant qu'il ne rencontre tous ces Nukennins. Et ce n'était pas les seuls: la preuve, même ses coéquipiers avaient des fois quelques accès de colère. Tiens, le dernier avait qui il avait travaillé. Mettez lui un grand sourire, et une arme dans la main, et il peux éradiquer une armée entière à lui seul. Puis sont venues les deux jeunes personnes qui l'accompagnaient dorénavant. La personne qu'il considérait comme la plus proche à soi; une jeune fille charmante avec qui il avait passé ses quelques années de genin mais dont cette-fille-qui-a-un-sérieux-problème-de-mémoire-à-14-ans ne se souvenait plus. Il était obligé de la surveiller... De très près; dans son esprit. Il considérait ça comme un acte digne d'un traître, mais les ordres sont les ordres...? Il y avait également une autre jeune fille très charmante, qui, elle, enfin il l'ésperait, n'avait pas d'Alzeihmer. Hisano. Toute autant suspecte qu'Aya- cette-fille-qui-a-un-sérieux-problème-de-mémoire-à-14-ans, elle n'en demeure pas moins beaucoup plus timide. Et c'est dans ce harem (ou pas) paisible qu'il demeure à présent.

Ayano s'assit sur l'herbe, près d'un arbre. Elle était plus qu'inquiète. A propos de tout; Ron, qui commençait à développer des symptômes super-protecteur-maniaque-vachement-fraternel-Uchiwa, mais bon, quand elle y repensait, c'était normal... A toute sa fratrie, ses arrières-cousins germains -d'ailleurs Mika s'était pas repointée depuis un bail-, et en particulier son père. Et à ce moment-là, elle se remémora le souvenir éteint de sa mère. Une jeune femme souriante, gentille et une mère remarquable... C'était quelqu'un de vraiment très tendre avec les autres, et Ayano avait était celle qui avait le plus héritée de sa mère. Ces souvenirs blessent, et le temps mord... Et ils revenaient à grand galop. Elle se souvenait exactement du visage de sa mère; exactement comme son caractère. Angélique. Ses cheveux étaient tirés en arrière dans une queue de cheval, mais quelques-un dépassaient de sa coupe censée être parfaite, ce qui l'agaçait souvent. Enfant, elle se moquait souvent de ses manies aux tendances perfectionnistes. C'est comme ça qu'elle les appelait. En entendant ses propos, le visage de sa mère se perdit dans des teintes rougeâtres, bredouillant quelques réponses au hasard. En repensant à ces souvenirs là, et à tous ces éclats de rire, elle en vint elle-même à lâcher un rire léger. Ron jeta un coup d'oeil à la jeune fille, avant de détourner les yeux pour arracher un peu d'herbe. Celle-ci se leva de la place où elle était assise pour se diriger un peu plus loin, prétextant vouloir marcher un peu pour pouvoir se vider la tête. C'était l'idée de départ, mais, quand elle repensa encore à sa famille, avant la mort de sa mère, sa poitrine se serra, la faisant s'écrouler près d'un buisson.

Elle se prit la tête dans les mains, n'ayant même pas assez de force pour prononcer une seule parole. Elle serrait les dents, en priant pour que ça s'arrête. Elle ferait tout, mais elle voulait que ça s'arrête. Puis tout repassa en boucle. Tous ces moments de bonheur ne faisaient qu'accentuer celui d'extrême solitude qu'elle était en train de passer. Elle aimerait bien l'envoyer se faire voir, à ce souvenir, mais il continuait à persister. Pourquoi avait-il fallu qu'elle s'en aille? Et pourquoi ne l'avait-elle pas prise avec soi? Un sorte de vide commençait à enserrer son estomac. Est-ce qu'elle venait de penser... à la mort..? C'était pitoyable comme idée. Une larme roula sur sa joue pour atterrir sur le sol. La simple évocation de son nom la mettait dans cette état? Ces fichus scientifiques... Toujours à s'attirer des ennuis dans les pires moments. Elle s'appelait Ayaka. Ayaka Tateyama Akane. "De toute façon, dans cette famille, tous ceux dont le nom commençait par A n'avait pas un avenir totalement sûr." Elle renifla, essayant de retrouver le sourire, mais ne réussit même pas à lever les yeux. Sa mère était archéologue. Elle n'osa pas continuer plus profond dans ses pensées. Non, y penser, ça la consumerait de l'intérieur. Ça la détruirait. C'était un sujet beaucoup trop sensible et douloureux. Elle avait promis à Ron de lui raconter, un jour, son histoire. Mais c'était bien trop dur de lui en parler, et de toute façon, il ne comprendrait pas. Et ça lui causerait à lui aussi des souvenirs refoulés, qu'elle ne voudrait, mine de rien, pour rien au monde vouloir lui faire repenser. Alors, seule, près du chemin, elle se relève en essuyant ses larmes d'un revers de manche. Elle regarde tristement le sol, en posant une main sur la corne posée sur son oeil gauche. Et là, elle pensa à la dernière personne pour laquelle elle s'était inquiétée...

- Quelqu'un... N'importe qui... Même si ce n'est pas toi... gémit Ayano en passant une main dans ses cheveux, se soutenant à l'arbre, le regard fuyant, comme timorée par le vide

Une aura malveillante s'échappe de la corne, sous le coup de la tristesse et de la solitude...